Quarantaine à Santiago

Quelle à été la tactique du Chili face à la pandémie de 2020 ?

La pandémie du Covid-19 est un thème complexe et que j’aborderai uniquement dans le cadre de l’impact que cela a eu sur ma vie quotidienne. Chaque pays a réagi différemment à l’arrivée des premiers cas de contamination et le Chili a réagi de manière… modérée, entre la non-gestion des États-Unis et la quarantaine totale de la France.

Les foyers de contamination ont rapidement été déterminés dans les zones les plus touristiques, et seules ces zones ont été mises en quarantaines. Étant donné que je me trouve à Santiago, je vais me concentrer sur la quarantaine dans la capitale.

Le jeudi 19 mars a débuté une quarantaine volontaire. C’est-à-dire que chacun peut aller dans la rue et se déplacer librement, toutefois beaucoup de magasins et restaurants sont fermés. Un couvre-feu obligatoire a également été instauré, personne ne peut sortir entre 22h et 5h du matin.

La quarantaine obligatoire a ensuite été annoncée le jeudi 26 mars. Pour sortir dans la rue il faut à présent demander une autorisation au commissariat. Toutefois, cette quarantaine ne s’applique pas à toute la ville mais uniquement à certains arrondissements (appelés communes).

Mon logement se trouve à une rue de la limite entre deux communes différentes. La commune voisine n’a été décrétée en quarantaine obligatoire que le 8 mai ! Avant cette date, il nous était possible de passer d’une commune à l’autre sans aucune restriction.

Toutefois, à la télé, on peut voir des barrages policiers qui empêchent les habitants de sortir ou de rentrer des zones en quarantaine. Après avoir effectué quelques recherches supplémentaires, il s’avère que des barrages ont en effet été mis en place mais uniquement autour des villes de province elles aussi placées en quarantaine. Et ce pour les trois jours du week-end de Pâques. Le reste du temps, il est toujours possible de prendre un bus pour entrer ou sortir de Santiago. La station de bus se trouvant dans une commune hors de quarantaine, l’accès au bus n’est pas restreint toutefois la température des voyageurs est prise avant de monter dans le bus. Il est à également obligatoire de voyager avec un masque.

Le vendredi 15 mai, toute la région métropolitaine, soit 38 communes, a été mise en quarantaine pour une durée d’une semaine. Quarantaine prolongée d’une semaine, puis d’une semaine supplémentaire, et d’une autre encore.

Avec la quarantaine obligatoire, seuls les magasins de première nécessité demeurent ouverts : supermarchés, épiceries, boulangeries, boucheries, pharmacies, produits d’entretien, vente en gros d’alimentaire, certaines banques… Les restaurants ne peuvent faire que de la vente à emporter. Les parcs, plages et autres lieux de réunion sont fermés. Beaucoup de dépendances administratives sont également fermées. Les transports en commun quant à eux continuent de fonctionner avec régularité mais peut-être avec une fréquence moindre. Très tôt il a été obligatoire de porter un masque pour pouvoir prendre les transports en commun et cette mesure s’est ensuite étendue à tous les magasins qui refusent (théoriquement) l’accès aux personnes sans masque. Certains supermarchés proposent également des lingettes désinfectantes ou du produit antibactérien à l’entrée et prennent la température de toutes les personnes y entrant. Le nombre de personnes présentes dans les magasins est également limité et la queue se forme dehors où il est rare que des marquages au sol indiquent la distance à respecter entre individus.

Pour sortir dans la rue il faut un permis accordé par la police : https://comisariavirtual.cl

Ce permis s’obtient en ligne et demande de nombreuses informations : nom et prénom, numéro de passeport (ou de sécurité sociale pour les Chiliens), adresse de l’hébergement et adresse où l’on se rend. Le permis est valide à partir du moment où le formulaire est rempli et ce pour une durée déterminée en fonction du type de permis.

Il existe différents types de permis dont voici les principaux :

*Courses : pour s’acheter de quoi manger ou des produits nécessaires à la vie quotidienne. Durée : 3 heures et il n’est possible d’obtenir ce permis que deux fois par semaine.

*Rendez-vous médical : Possibilité d’être accompagné, pour une durée de 12 heures, pas de limitation à la semaine.

*Promener le chien : Limité à deux pâtés de maisons pour une durée de 30 minutes maximum. Pas de limitation du nombre de fois par semaine.

*Services basiques : Payer des factures ou une pension, aller à la banque, chez le notaire, etc. Pour une durée de 3 heures, pas de limitation dans la semaine.

*Autres : Sortie de personnes autistes ou avec un trouble mental, assistance à un enterrement, retrait d’aliments ou de documents scolaires, rendez-vous avec un juge, apport d’aliments à des retraités ou des prisonniers, déplacement d’un mineur pour aller chez son tuteur, déménagement (suivi par 2 semaines complètes de quarantaine sans permission de sortie) …

L’idée de contrôler les sorties est judicieuse même s’il est facile de faire des « faux » permis et dire que l’on va la banque tous les jours pour sortir… Il semblerait que le gouvernement s’en soit rendu compte et songe à restreindre l’obtention de permis à deux permis par semaine (tous types de permis confondus).

Jusqu’à présent, aucune date de fin de quarantaine n’a été donnée. De plus en plus de villes autres que la capitale sont mises en quarantaine dû à l’augmentation du nombre de cas.

Le nombre de cas confirmés au Chili continue d’augmenter chaque jour. Si on le compare au 11/06/2020 il est similaire à celui de la France qui sort de quarantaine et dont les nouveaux cas se font moins nombreux. Au 19/06/2020 le Chili est neuvième au classement mondial des pays avec le plus de cas de contagion, devant la France et pratiquement à égalité avec l’Italie.

Le détail important étant qu’il y a pratiquement 50 millions d’habitants de moins au Chili qu’en France…

Nous ignorons ce que nous réserve l’avenir proche : Le couvre-feu sera-t-il étendu de manière significative (avancé à 14h ou 18h au lieu de 22h) ? Les permis seront-ils restreints ? Peine de prison ou augmentation de l’amende (actuellement elle peut déjà atteindre jusqu’à 2200€) pour celui ne possède pas d’autorisation de sortie ?

Alors en attendant de sortir de cette crise sanitaire, on apprend à vivre enfermé, à faire ses courses en ligne, à demander une autorisation pour sortir et à porter un masque dès qu’on met le nez hors de l’appartement.

-Merly